الثلاثاء، يونيو 11، 2013

Mardi 11 juin à 18h30 Conférence autour du « Louxor, temple pharaonique du 7e Art, retrouve sa splendeur d’antan » avec Jean-Marcel Humbert Président des Amis du Louxor, Docteur en égyptologie de l'Université de Paris IV Sorbonne, Docteur ès-lettres et sciences humaines

Jean-Marcel Humbert, historien et conservateur général du patrimoine, travaille depuis plus de trente ans sur l'égyptomanie. Qu'est-ce que l'égyptomanie ?
A la boutique du British Museum, on peut acheter salières et poivriers en forme de vases canopes, ces récipients dans lesquels on mettait les viscères des momies ! C'est le détournement d'un objet, tant dans sa forme que dans sa fonction, qui constitue l'égyptomanie. Dès les débuts du cinéma, elle s'est imposée avec des Cléopâtre, des péplums. Sa place est importante aussi dans la bande dessinée : tous les héros, de Bibi Fricotin à Tintin, en passant par Blake et Mortimer, sont allés en Egypte... Chaque époque a eu sa propre relecture de l'art égyptien, y ajoutant des caractéristiques stylistiques locales et datées : un sphinx du XVIIe siècle ne ressemble pas à un sphinx du XIXe. Depuis les années 70, l'égyptomanie est devenue un domaine autonome de l'histoire de l'art, étudié comme tel dans les universités, et est l'objet de publications de plus en plus nombreuses.
L'égyptophilie, elle, désigne le goût pour l'Egypte, qui peut même se transformer en égyptopathie : quelqu'un qui se fait construire sa tombe à l'égyptienne ou sa maison en forme de pyramide avec sphinx et décors floraux en est frappé...
A quand remonte l'égyptomanie ?
Si le phénomène existe dans tout le monde occidental, la France et l'Angleterre ont toujours eu une relation particulière avec l'Egypte depuis la campagne de Bonaparte. Mais l'égyptomanie a commencé bien avant. Elle est présente dès le XVIe siècle : à Fontainebleau, on peut voir une porte égyptienne de cette époque, et au château de la Bastie d'Urfé à Saint-Etienne-le-Molard (Loire), un sphinx égyptien. On se fondait alors sur les récits des voyageurs, on savait qu'il existait un pays mystérieux où les choses n'étaient pas comme chez nous, avec des dieux zoomorphes. Dans le Malade imaginaire, Thomas Diafoirus déclare : «Ni plus ni moins que les colosses de Memnon.» ça parlait donc aux contemporains de Molière. A la même époque, Lully écrit un opéra sur Isis. A la fin du XVIIIe siècle, Cagliostro crée en France la maçonnerie dite égyptienne, et l'égyptomanie s'empare du domaine ésotérique. Marie-Antoinette commande des fauteuils et des chenets dotés de têtes égyptiennes. Un goût égyptien se répand en Europe, et imprègne la société parisienne.
Quel rôle a joué la campagne de Bonaparte?
Bien évidemment, elle a relancé la mode. Dominique-Vivant Denon a eu une double intuition : il est revenu d'Egypte parmi les premiers, a publié un livre sur son voyage, accompagné d'un volume de dessins. C'était écrit d'une manière tellement moderne que ça a été un succès de librairie fantastique, traduit dans la plupart des pays européens. On y trouve les premiers relevés détaillés des tombes et des frises décoratives. Sa deuxième intuition a été de transformer en succès politique et scientifique cet échec militaire. Denon et l'Egypte jouent de ce fait un rôle fondamental dans la constitution du mythe de Napoléon. C'est ainsi qu'on a vu apparaître à Paris des monuments à l'égyptienne comme la fameuse fontaine du Fellah rue de Sèvres, ou celle du Châtelet. Isis devient la patronne de Paris, elle apparaît sur les armes de la capitale, orne l'un des frontons du Louvre. Très vite, l'Egypte s'est répandue dans les décors intérieurs, dans le mobilier, dans les services de table de Sèvres.
Après Napoléon, c'est 1822 et la redécouverte des hiéroglyphes par Champollion, date de la naissance officielle de l'égyptologie, qui aurait pu mettre fin à l'égyptomanie ; mais pas du tout. Quand j'ai commencé à travailler sur ce sujet, j'avais l'impression que l'égyptomanie fonctionnait par vagues déclenchées par un événement, comme l'ouverture du canal de Suez en 1869 ou la découverte de la tombe de Toutankhamon en 1922. On réalise aujourd'hui que c'est un phénomène permanent et que les pics sont sur une assise très haute. L'ouverture de Suez a entraîné la création d'Aïda, un des opéras les plus représentés dans le monde. Un archéologue célèbre, Auguste Mariette, s'est occupé des costumes et décors de la création. L'exposition Toutankhamon à Paris, en 1967, a été une prise de conscience du public de l'intérêt de l'art égyptien, la mode à l'égyptienne a été très forte : des robes, des bijoux. Le phénomène a été encore plus fort aux Etats-Unis, quand l'expo y est arrivée dix ans plus tard.
Comment expliquer cet intérêt ?
Par une fascination qui débute dès l'enfance. Quand vous emmenez un enfant au département égyptien du Louvre, il se passe quelque chose, il y découvre une représentation différente des corps et les dieux zoomorphes : c'est un monde magique, et la sympathie est immédiate. Et puis les momies, un passage intermédiaire entre vivant et mort. La momie vivante était l'apanage des films d'horreur des années 30 avec Boris Karloff. Elle est devenue l'apanage du domaine de l'enfant par l'intermédiaire du dessin animé et des jouets. Depuis une vingtaine d'années, l'égyptomanie a explosé avec la démocratisation des voyages et les cours d'égyptologie et d'épigraphie ancienne. A Las Vegas, on a construit le complexe hôtelier Louxor sous une pyramide avec un énorme sphinx ; à Dubaï, on voit des gratte-ciel décorés à l'égyptienne.

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