Le Louvre déploie à partir de samedi les trésors de sa collection des Arts de l'Islam dans les nouveaux espaces prestigieux pensés pour elle, avec la volonté de montrer cette civilisation dans tout son raffinement, dans toute sa diversité et dans toute sa complexité.
Le département des Arts de l'Islam au Louvre, le 17 septembre 2012, à Paris
"Il s'agit de présenter la face lumineuse de cette civilisation qui engloba en son sein une humanité infiniment variée et riche", explique le président-directeur du musée Henri Loyrette, dans la préface du catalogue.
"Nous avons souhaité mettre en avant une approche large et inclusive qui rassemble des mondes très divers (andalou, mamelouk, ottoman, persan)", ajoute M. Loyrette qui a voulu sortir les Arts de l'Islam de leur "marginalisation" dès son arrivée au Louvre en 2001.
"Mosaïque"
Pour le Louvre, "il s'agit de montrer l'Islam, avec un grand I. En langue française, cela désigne la civilisation. Le propos n'est pas de se centrer exclusivement sur l'islam avec un petit i, qui désigne la sphère religieuse", indique Sophie Makariou, directrice du département des Arts de l'Islam.
"Le mot Islam, il faut l'assumer, lui redonner sa grandeur, il faut le porter, il ne faut pas le laisser aux djihadistes", martèle depuis des mois Mme Makariou.
Sur les 18.000 pièces de la collection du Louvre enrichie de dépôts des Arts décoratifs, Mme Makariou a choisi d'en présenter 3.000 qui embrassent douze siècles (du VIIe au XVIIIe) et concernent une zone géographique immense, de l'Espagne à l'Inde.
"L'art islamique, ce n'est pas seulement l'art des communautés musulmanes. C'est l'art de tous ceux qui ont fait le monde islamique et là-dedans, il y avait des chrétiens et des juifs", déclare-t-elle dans un entretien à l'AFP.
Sophie Makariou a voulu faire un sort à une vision trop simpliste de cette civilisation. Elle a glissé quelques représentations humaines et une coupe à vin en jade, l'alcool étant toléré par le soufisme.
C'est un monde "complexe", fait de "mosaïques religieuses y compris au sein de l'islam, de mosaïques linguistiques, de mosaïques ethniques", souligne-t-elle.
Un monde qui ne vit pas en autarcie. Une des pièces phare de la collection, le "Baptistère de Saint-Louis", qui a servi à baptiser Louis XIII, est un bassin mamelouk en cuivre incrusté d'or et d'argent, réalisé au XIVe en Egypte ou en Syrie.
Cette pièce majeure a été versée dans la collection du musée dès 1793 en même temps que l'Aiguière du trésor de Saint-Denis, un vase de cristal de roche taillé et sculpté en Egypte vers 1100. Il provient de la cour des califes fatimides.
La collection des Arts de l'Islam du Louvre est ancienne et a connu des hauts et des bas, des moments d'enthousiasme (fin XIXe, début XXe notamment) et des périodes nettement plus ternes (au moment de la décolonisation et dans les années 1970). En 1993, la collection obtient 800 m2, dans le cadre du Grand Louvre. En 2003, elle devient un département à part entière dans le musée. Avec ses nouveaux espaces, elle triple ses surfaces d'exposition.
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