Claude François est un artiste dominant des années 70, une époque où la variété française est représentée par toute une série de chanteurs que l’on voyait dans les émissions de Maritie et Gilbert Carpentier, Guy Lux et autres Drucker. Ce sont des chansons bien ficelées, dont beaucoup sont des adaptations et de reprises et finalement, très peu d’originales.
"Comme d’habitude" va à contre-courant de cette démarche. C’est une chanson qui a été proposée à plusieurs chanteurs, jusqu’à ce que Claude François s’en empare et écrive des paroles liées à sa rupture avec France Gall. Cette chanson n’a pas beaucoup marché au moment de sa sortie en France, mais elle a été reprise par tout un giron de crooners américains, dont le premier fut Paul Anka, puis Frank Sinatra. Même Sid Vicious s’en empare ! Cette dimension internationale a apporté la gloire à Claude François par ricochet.
C’est une chanson extrêmement construite, où l’orchestration est de plus en plus riche. Il ne faut pas non plus négliger l’interprétation de Claude François. Il a une manière de chanter en suspension, de retarder chaque fin de la phrase, de monter dans la tessiture. La tension dramatique est donc présente à la fois dans l’écriture de la chanson en elle-même, par son orchestration, mais aussi par la dramatisation produite par le chant. C’est de plus en plus ténu, on sent la fin irrémédiable.
Claude François a aussi beaucoup de chansons qui fonctionnent sur des "leitmotiv", c’est par exemple le cas de "Ça s’en va et ça revient", une sorte de riff que l’on retient facilement, sans toutefois se rappeler du reste des paroles. C’est aussi le cas des reprises "Cette année-là" ou "Belles belles belles".
Quant au "Lundi au soleil", elle est typique de l’écriture de l’époque, c’est-à-dire, cette "pompe" dans le refrain. A la même époque, Patrick Juvet, qui a participé à l’écriture de cette chanson, a aussi composé "La Musica", dont le "Lundi au soleil" est pratiquement un clone.
"Magnolia Forever" et "Alexandrie Alexandra" sont les deux titres disco du répertoire de Claude François. "Alexandrie Alexandra" est une subtile copie de la chanson "Going back to My Roots" de Lamont Dozier, chanteur de la Motown.
Le 45 tours de "Alexandrie Alexandra" est sorti le jour de l’enterrement de Claude François. Aujourd’hui, il y a toute une gestuelle, une chorégraphie qui va avec, qui fait que ça marche à chaque coup en boîte de nuit. C’est rentré dans la culture populaire. Les "ha !" sont restés, mais qui peut réciter le texte ?
A titre personnel, je trouve "Magnolia Forever" plus réussie, malgré le texte incompréhensible de Roda-Gil, mais c’est aussi le cas dans les autres chansons qu’il a écrites, notamment "Le Lac Majeur" pour Mort Schuman. En tout cas, la variété française a vite absorbé la dynamique disco, comme Sheila avec “Singing in the rain” et “Love me baby”.
Le vrai talent de Claude François, c’est son opportunisme. Il choisissait avec soin ses chansons afin d’être sûr d’avoir une mélodie qui marche. On peut dire qu’il savait s’inscrire la tendance.
On a plutôt retenu ce kitsch des années 70 qu’il incarne, avec toute cette esthétique paillettes et cols pelle à tarte. Les arrangements sont extrêmement datés. Les textes sont complètement désuets et on n’en trouve pas des pareils chez les artistes de variétés françaises d’aujourd’hui.
C’est dommage que ce soient ces chansons qui sont aujourd’hui les plus connues de l’œuvre de Claude François. Vers la fin des sixties (avec des reprises comme "Eloïse" qui a un son très Motown) me paraissaient plus intéressantes.
Claude François est décédé en 1978, mais il n’est pas certain qu’il aurait pu prendre le virage des années 80. En effet, les artistes de sa génération, comme Gérard Lenorman, Hervé Vilard ou Sheila, ont pratiquement disparus de la circulation par la suite..
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